
Je vais vous expliquer ma démarche de création, les matériaux utilisés et le sens de ma recherche !
J’ai choisi d’utiliser la pierre volcanique, le béton, le métal et la symbolique des nombres pour réaliser cette œuvre : plusieurs semaines de recherches et d’esquisses, plusieurs mois de travail en atelier, des semaines de travail de restitution sur le terrain, en gros un an de création !
EXPLICATION
En référence à DELGRES et à ses hommes, j’ai voulu représenter avec ces 40 blocs de pierre, l’immense déflagration de sueur, de poudre et de sang mêlés en ce mois de Mai 1802.
J’ai choisi de les disposer en spirale parce que la spirale est un motif ouvert et optimiste qui évoque l’évolution d’une force, la naissance, la mort, mais surtout la renaissance, et aussi parce que la spirale, pour de nombreux peuples d’Afrique Noire, représente le mouvement des âmes dans la création.
Mais c’est du haut du fort qu’on peut le mieux visualiser cette spirale qui s’étale de 21 mètres de long sur 21mètres de large.
J’ai aussi voulu montrer la violence de l’explosion en positionnant les 40 blocs de pierre volcanique, qui semblent disloqués, sur le parcours de la spirale et parce que le nombre 40, c’est le nombre de l’attente et de l’épreuve.
Vous observez que ces blocs diminuent en taille, sont de moins en moins gros plus on s’approche du centre, pour bien mettre ce centre en évidence !
Sur le parcours de la spirale, à la treizième place, 13, le nombre du recommencement, vous découvrirez un bloc de pierre que j’appelle un palimpseste : c’est un manuscrit sur parchemin dont la première écriture a été lavée ou grattée et sur lequel un nouveau texte a été écrit. Plusieurs textes pouvaient ainsi être superposés. Vous pourrez lire sur ce bloc des mots tirés du discours de Delgrès, comme résistance, oppression, liberté…
Enfin dans un des blocs est fiché un anneau en métal de l’époque esclavagiste, récupéré dans un vieux moulin.
Sur le sol pavé, vous voyez que la taille des spires diminue de la périphérie vers le centre, et qu’elles sont taillées dans la même pierre que celles du fort, selon un rapport harmonique qui vous dirige vers le centre.
21 boulets sont posés sur les spires, parce que le nombre 21 est le symbole de la maturité et de l’accomplissement.
Vous circulerez donc sur une spirale, sur un chemin qui vous conduira de la périphérie au centre, jusqu’à la tête placée en plein centre et qui ne représente pas seulement celle de Delgrès, mais celle de tous les hommes et de toutes les femmes qui se sont sacrifiés et qui sont morts pour que les générations futures puissent jouir de la liberté.
Cette tête mesure 2,40 mètres de haut, elle a été préparée dans mon atelier, d’abord en terre, puis en plâtre et enfin recomposée sur place en béton et montée bloc après bloc.
J’ai voulu enfin que le visage soit conçu comme un édifice, avec une moitié lisse, l’autre cassée sous l’effet des bombardements intensifs, et symboliser ainsi l’habitation d’Anglemont, qui comme vous le savez est le lieu où Delgrès s’est sacrifié avec ses hommes à Matouba.
Ce mémorial est donc conçu comme un parcours initiatique, de la mort à la renaissance, car la spirale vous conduit de la périphérie au centre, devant cette tête qui symbolise la force de ce personnage et la puissance de son geste.
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